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 Le ciel n'en fiinit pas de pleurer...

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Sire Elendill
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Sire Elendill


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MessageSujet: Le ciel n'en fiinit pas de pleurer...   Le ciel n'en fiinit pas de pleurer... EmptyMer 9 Nov à 21:43

Voila, il s’agit d’une nouvelle qu’a écrit un ami à moi.

Les gouttes de pluie claquaient les unes après les autres sur les carreaux. La petite averse se transforma subitement en véritable tempête. On aurait dit que le ciel pleurait toute la misère du monde en inondant de son chagrin la souffrance des hommes. Et des hommes malheureux ce soir d’octobre en comptait des milliers à travers le pays. C’est le cas de Jean, qui regardait cette eau, les larmes du bon Dieu s’écrasant sur le sol. Lui aussi avait envie de s’écraser, lui aussi avait envie de pleurer mais il ne le pouvait plus. Des larmes il en avait déjà trop versé, le poids et la douleur des années l’avaient asséché. Il aurait aimé partir, monter au ciel comme on dit aux petits enfants pour alléger leur peine, rejoindre ce bon Dieu qui pour lui n’a jamais été bon. Il aurait voulu lui crier sa douleur, lui dire que sur terre les plus malheureux ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Il aurait aimé lui dire que sa vie était un enfer de solitude et d’isolement et que s’il pleurait ce soir là ce n’était que justice.

Alors ce soir Jean avait décidé de mourir. Il allait enfin en finir avec sa vie pleine de souffrances. Ce soir pour lui était le soir du grand voyage. Grand parce qu’il avait décidé de partir dans l’honneur et la manière. Il ne voulait pas d’un départ précipité. Il avait donc tout prévu, ce soir avant de s’en aller il écrivit à la vie, à la mort et au bon Dieu. Les feuilles étaient posées sur la table et n’attendaient plus que le stylo vienne délicatement se coucher sur elles laissant ainsi une trace indélébile. Pour se donner du courage une bouteille de whisky était posée à proximité. L’alcool est le refuge des faibles. Il le savait. Mais il s’en fichait, ce soir il ne serait plus des faibles. De sa fenêtre il regardait les étoiles en pensant que bientôt il brillerait parmi elles. Les gouttes de pluies venaient provoquer les larmes coulant déjà sur ses joues. Le combat fut de courte durée et rapidement il devint impossible de les distinguer. Enfin il se décida à écrire, le stylo et lui faisaient corps, ils pleuraient tous les deux. L’un perdait ses larmes, l’autre son encre mais dans les deux cas c’est leur sang qui coulait. Et inexorablement cela finirait par les tuer. Ils marchaient ensemble vers la mort. C’était leur destinée. Le stylo glissa lentement sur la page blanche guidée par une main qui vivait là son dernier grand rôle. Puis au fur et à mesure l’encre se déposait sur le papier laissant apparaître la détresse et le désespoir de son cœur meurtri mais encore vivant. Il s’accrochait à ces mots de velours censés attendrir sa peine. Sa tête était emplie de mots, de paroles reflétant sa misère morale. Alors de ces mots il en fit des phrases qu’il adressa à des entités plus qu’à des personnes. C’était pour lui comme un purgatoire où avant le grand saut dans l’inconnu il décidait de se confesser. Son stylo pleurait tous les mots qu’il aurait voulu crier à la grande faucheuse, à la magnifique ou encore à Dieu. Sa mort il l’a voulait à la hauteur de sa vie manquée. Elle serait étudiée, préparée et exécutée…

Après un petit verre, pour le courage, le stylo prit la route et s’en alla tracer ses sillons. Pour commencer il s’adressa à la vie comme s’il s’agissait d’une personne. Il lui demanda pourquoi elle ne lui avait que rarement souri. Sa vie bien sur il l’a connaissait il savait que c’était fini, que désormais elle ne changerait plus. Mais tant pis il avait juste besoin d’un peu d’attention, c’était pour lui comme une thérapie. Il avait besoin de lui parler, de lui montrer les cernes qu’il avait autour des yeux depuis toujours et qui creusaient chaque jour en peu plus son regard. « Tu vois lorsque quelqu’un naît c’est pour vivre, vivre tout simplement. On dit que tu es la chose la plus respectable du monde, que tu n’as pas de prix. Pourtant dans mon enfance j’aurais donné toute ce que j’avais pour que tu me fasses rien qu’un signe. Plus tard j’eus envie de te cracher dessus. Aujourd’hui je ne t’en veux plus. De toute façon ce soir je m’en irai. Et ce voyage sera pour moi celui de la libération. Ne t’inquiète pas va personne ne me regrettera. Tu n’as mis sur ma route qu’espoirs et désillusions. Je ne vais pas te raconter ma vie tu la connais. Non ? Enfin ce n’est pas grave puisque ce soir tu pars avec moi. Nous partirons main dans la main comme si nous nous aimions vraiment. Tu as toujours décidé de tout pour moi, ce soir c’est mon tour de t’imposer mon choix. J’ai le sentiment de ne pas te connaître. Qui es-tu vraiment ? Mois je suis comme le condamné à mort qui n’ayant jamais fumé prend comme dernière volonté une cigarette et qui finalement s’aperçoit qu’il a raté quelque chose. J’ai l’impression que toi et moi sommes passés à coté d’un plaisir fou. Mais bon tant pis il en est ainsi. Nous ne pouvons pas revenir sur le passé. Et puis de toute façon tu sais je n’en aurais pas eu envie. J’ai perdu le goût et la couleur des choses. Ma seule amie s’appelle mélancolie. Elle me quitte plus mais moi j’aimerais m’en débarrasser. Ce soir tout sera fini. »

Le fait d’écrire ses sentiments devenait très difficile. Il pleurait, lui qui croyait n’avoir plus de larmes. La dernière fois qu’il avait pleuré c’était un matin d’octobre, comme ce soir là. Il était sept heures du matin lorsque le réveil sonna, il s’aperçu que la place d’à côté était vide. Les draps étaient froids. Sa femme n’y était pas. Il courut comme un fou dans toute la maison, il sentait que quelque chose n’était pas normale. Son intuition était bonne, ses enfants aussi n’y étaient plus. Les placards étaient désespérément vides, la voiture de sa femme avait aussi disparu. Ce ne pouvait pas être possible, il ne voulait pas y croire pourtant sa femme était bien parti avec les enfants. Se refusant la vérité il attendit des jours, des semaines leur retour. En vain. Déprimé il perdit son travail, ses amis enfin le peu qu’il avait et sa raison de vivre. Alors pendant des années il les chercha sur tous les continents, il remua ciel et terre mais ce fût peine perdue. Ce soir là il fêtait dix ans d’absence, d’errance et de douleur. Tu sais, ce n’est pas de ma faute si j’en peux plus de toi. Si j’y croyais je dirai que c’est la fatalité. Les hommes utilisent ce prétexte pour se donner bonne conscience après avoir saccager leur vie. Moi j’y suis pour rien. Un jour tu te réveilles et tu t’aperçois que ta vie s’est brisée par l’absence de ceux qui te sont chers. Alors ensuite plus rien n’a d’importance, tu ne fais plus la différence entre le jour et la nuit.

Tout te paraît sombre, c’est comme si tu errais seul dans les ténèbres. Avant d’y aller j’en ai un avant goût. Et puis tu sais le monde d’aujourd’hui n’est que misère, haine et intolérance. L’argent fait tourner la terre, l’individualisme de la société est déconcertant. J’en ai marre de voir cette détresse au quotidien, là où on va c’est sans doute mieux. Ca ne saurait être pire. Tu ne crois pas ? Je suppose que tu t’en fous de toute façon. Tu as bien raison, cela n’intéresse personne. Moi même je m’en fiche. Il faut savoir s’arrêter un jour, dire « stop » et se retourner. En regardant derrière on peut ainsi récapituler sur sa vie et dire « tiens en fait j’était un mec bien » ou alors le contraire. Je veux être capable de me regarder dans une glace avant de prendre la route. Tout ce qui me reste c’est mon honneur et j’aime autant le garder jusqu’au bout. Je ne partirai donc pas comme un voleur mais plutôt comme quelqu’un qui marche la tête haute vers sa mort. Je n’emporte avec moi ni haine ni colère. J’ai fais la paix avec moi même et toute cette peine que je garde au fond de moi n’est que le prix à payer d’une vie sans intérêts. Vie que tu m’as donnée. Mais c’est fini tout ça maintenant. Ce soir je n’aurai pour bagage qu’un cœur blessé et un corps fatigué. Je suis las d’avoir vécu.

Des fois je me dis qu’il aurait mieux valu que je meure avant qu’ils ne partent. Tu comprends, pour simplifier les choses mais qui auraient pu prévoir ? Toi ? Le bon Dieu ? Non je pense que c’est vôtre faute à tous les deux. Vous m’avez laissé tomber, oublié comme si je n’avais jamais existé. Dans les films ce sont toujours les meilleurs qui s’en vont. En réalité c’est tout autre. Je suis ni bon ni mauvais juste un homme brisé qui s’en va embrasser la mort. J’ai le sentiment de m’être égaré sur le chemin du bonheur, j’ai dû me tromper de direction, le bus ne m’a pas attendu il et parti sans moi. Tiens devine qui a dit de toi que tu es une rivière qui déborde parfois. Tu ne trouves pas ? Tant pis il a raison en plus. Moi tu m’as carrément noyé. Je ne cherche pas à faire ton procès juste à te donner mon opinion sur tes actes. A quarante deux ans je crois être en mesure de raisonner objectivement. Après le départ de ma femme j’ai quand même essayé de reconstruire un semblant de vie mais là encore j’ai échoué. Je suis poursuivi par ce que l’on pourrait appelé la guigne. Les femmes me fuient, m’évitent et ne me regardent à peine. Tant pis pour elles, tant pis pour moi. Je suis seul depuis dix ans. »



Dernière édition par le Mer 9 Nov à 21:43, édité 1 fois
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Sire Elendill
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MessageSujet: Re: Le ciel n'en fiinit pas de pleurer...   Le ciel n'en fiinit pas de pleurer... EmptyMer 9 Nov à 21:43

Pourtant des femmes étaient passées dans sa vie mais aucune n’était restée. Elles ne voulaient pas vivre dans l’ombre de son épouse et de ses enfants. Elles ont fini par quitter le navire. L’amour était un rêve déchu pour lequel il avait si souvent lutté. Comme Icare près du soleil, il s’y était brûlé les ailes et ce soir là cela le tuerait aussi. Il avait fini par se convaincre que ce n’était plus pour lui. Ainsi vivait-il seul dans son appartement de centre ville, au milieu d’une foule indifférente.

Les gens qui le côtoyaient ne se souciaient guère de sa détresse pourtant même un aveugle l’aurait vu, un sourd l’aurait entendu et un muet l’aurait crié. Mais la réalité des sociétés actuelles fait que nous sombrons peu à peu dans une certaine forme d’extrême individualisme poussant les hommes à regarder leur nombril. Cela finira par nous perdre, Jean lui c’est déjà fait. Si personne n’est capable de tendre la main à un malheureux alors celui-ci est aspiré par le cycle infernal et vicieux de la peine et de la solitude. Et puis un jour sans s’en rendre compte il fini par toucher le sommeil éternel, seul dans son coin comme un pestiféré. Personne n’ira à sa mise en terre, seul le curé l’accompagnera dans sa dernière demeure où une fois encore il sera seul. Seul pour toujours. Seul dans la vie, seul dans la mort et, qui sait, peut-être seul dans l’au-delà.

« J’ai l’impression d’être devenu complètement fou, je te parle alors que tu ne peut pas m’entendre puisque tu n’est qu’une entité. Mais tant pis, le ridicule ne tue pas. Le désespoir si. Tu resteras pour moi un mystère qui m’aura toujours fasciné. Si j’ai choisi de partir ce soir c’est parce que ton mystère ne m’intéresse plus. Pourquoi je ne suis pas comme les autres, pourquoi je n’ai pas eu ce qu’on les autres. J’ai étais exclu de la société pour des raisons qui m’échappent encore. Mais moi j’aurai tellement voulu avoir une vie normale. Au lieu de ça tu n’as été que futilité, peine et souffrance. Il n’y a pas assez de mots pour qualifier ce que tu étais pour moi. Ce soir, j’ai mal au cœur, mal de me rendre compte de tout ce dont tu m’as privé et même lorsque tu me donnais quelque chose c’était pour me le reprendre tôt ou tard. Aujourd’hui je n’ai rien, et ce soir je vais mourir seul. Seul comme l’aventurier perdu dans le désert qui fini par se décourager. Mon désert à moi c’est toi. Tu es sec, je n’ai trouvé en toi que quelque gouttes de bonheur. Je n’ai pas peur de partir, ce sera pour moi la délivrance. Je serai libéré du joug de la solitude et de la peine. Je laisserai aux portes de la mort mon fardeau de souffrances. Alors commencera pour moi le voyage de l’initiation, celle de l’apprentissage de la paix de l’âme. Très vite mon absence ne suscitera plus que de l’indifférence. Il n’y aura personne pour se souvenir de moi, pour garder en mémoire mon visage, ma voix et ce qui faisait que j’étais moi même.
Ce que je sais c’est que nul ne peut prétendre qu’à sa mort il laissera derrière lui une empreinte indélébile. Les gens sont trop salauds. De Gaulle a dit un jour qu’à vaincre sans périls on triomphe sans gloire. Pas faux. Je n’ai jamais recherché la gloire ou les honneurs, je voulais juste traverser la vie le plus droit possible pour n’avoir, à ma mort, rien à regretter. Mon seul regret ce soir est d’en avoir à foison. Sache que si je pars tout à l’heure, c’est parce que tu n’as plus ce petit plus qui fait que l’homme s’accroche désespérément à toi. Tu vois ces étoiles là haut ? Bientôt j’irai les rejoindre. Une fois là haut j’aurai enfin de l’importance. A tous ceux qui sont triste je ferai un signe, pour eux je brûlerai de tous mes feux. »

Il est difficile de savoir ce qui se passait dans sa tête mais ce qui est sur c’est que beaucoup de choses lui venaient à l’esprit. Il n’avait jamais autant philosophé que ce soir là. Il aurait aimé répondre à une multitude de questions mais la majorité d’entre elles restèrent inexpliquées. Pour lui la vie était plus une punition infligée par le seigneur qu’un cadeau du ciel. On a tous comme lui eu envie d’en finir parce que l’on traversait une mauvaise passe. Le sentiment de manque, de tristesse tout le monde l’a ressenti une fois au moins dans sa vie. Mais rarement nous allons jusqu’au bout. Pour lui, agir était primordial.
« L’autre jour un collègue m’a dit que chez lui c’était l’enfer parce que sa femme l’empêchait de sortir avec ses copains. Il m’a dit qu’il en pouvait plus de vivre un tel « supplice ». Pauvre con, il ne sait rien de la misère. Il n’a jamais eu dans le coin de la bouche ce petit goût amer que laisse le chagrin et qui ne disparaît qu’après de longs mois difficiles. Il croit savoir ce que sont la peine et la solitude mais il vit dans une bulle hermétique aux souffrances des autres. Il n’a jamais eu l’envie de se cacher dans un coin. Des gens comme lui il y en a des milliards, six exactement. Je n’aurai pas peine de les quitter, ce sont des abrutis ».

« Le plus dur dans la solitude c’est l’indifférence. Le regard des autres nous survole mais jamais ne s’arrête. Ils sont insensibles à nôtre détresse. La réalité fait froid dans le dos et pourtant il faut vivre avec. Tu sais, nous ne voulons ni pitié ni compassion mais juste un peu de compréhension. Je suis fatigué d’être constamment incompris, j’ai déjà trop marché, il est temps pour moi de m’arrêter au bord du chemin et d’attendre la voiture balai. Ainsi elle m’emmènera loin d’ici vers la paix éternelle. Ce soir je me sens l’âme d’un poète. C’est comme si je l’avais toujours eu au fond de moi et que ce soir elle jaillit de mon cœur. Je ne crois plus en rien désormais, l’alcool s’est même emparé de moi. Si je bois c’est par dépit. Tu vois lorsque l’on est au bout du rouleau, la santé est le dernier de nos soucis. Et puis ça donne l’avantage de voir plus d’étoiles. Tiens d’ailleurs je vais boire un verre à ta santé. »

Après avoir écrit quelques pages, Jean décida d se mettre cinq minutes à la fenêtre. Il aimait y passer du temps. Les soirs quand il déprimait, c’est à dire tous les soirs, il regardait passer les gens qui semblaient heureux. Les samedis étaient les plus importants, il y voyait les jeunes sortir, les plus vieux aller au restaurant en couple. Tout ce qu’il aurait aimé faire mais qui lui était interdit.
Mais ce soir là, la pluie empêchait les gens de sortir. Parfois quelqu’un passait dans la rue en courant. Le vent qui soufflait était glacial. C’était le décor idéal pour une soirée mortelle. Cela tombait bien, il souhaitait partir quand le ciel aurait l’air triste et que le bon Dieu pleurerait. Ainsi avait-t-il l’impression que son départ attristerait au moins une personne.

Sa vie durant il avait crié sa peine avec des mots de silence mais personne ne l’avait jamais entendu. Comme si sa voix ne parvenait pas aux oreilles égoïstes des gens. Son regard était noir et profond, son visage était marqué, il donnait l’impression de supplier la mort de venir le chercher. La vie n’était plus pour lui qu’un jeu puéril où l’on doit vieillir le plus heureux possible. Il ne voulait donc plus jouer, il avait perdu depuis toujours. Il faisait parti de ceux que l’on appelle couramment les « perdants » sans savoir ce qu’est leur vie ni pourquoi elle est comme cela. Les préjugés font le malheur des miséreux. Le regard des autres les flagelle, les souvenirs les persécutent. Leurs pensées les tourmentent, ils sont poursuivis par les fantômes du passé. Ils errent dans la vie à la recherche d’une vérité qu’ils ne trouveront jamais.

Les plus chanceux parviendront, grâce le plus souvent à une tierce personne, à se reconstruire les autres abandonneront au milieu de leur vie. Ils sont comme perdus dans un monde qui ne les comprend pas. Ils ne vivent pas ils survivent. Ils se frayent un chemin parmi nous sans jamais attirer l’attention, peut-être par pudeur, peut-être aussi par notre indifférence. Ils n’aiment pas s’attarder sur leur peine, comme si le fait d’en parler leur procurait un sentiment de honte. Pour eux, le chagrin est personnel. Ceux sont les laissés pour compte des altruistes, comme si la dépression n’était pas aussi grave que la faim ou la misère. Personne ne pense à eux, personne ne les voit, personne n’entend leur douleur. Leur douleur ils la cachent au plus profond d’eux même seulement au fil des années elle les ronge de l’intérieur. Ils finissent par s’y habituer, la peine les enivre de son doux parfum mélancolique. Ils deviennent peu à peu omnibulés par le vide qui se creuse dans leurs yeux. La joie des autres leur fait mal. Un peu égoïstes ils n’aiment pas voir les gens sourire, c’est pour eux la preuve qu’ils sont seuls au fond du gouffre. Pourtant ils aimeraient tellement rire avec eux. Profiter de la vie et prendre une tranche de bonheur. Oublier l’espace d’un instant la rengaine de leur quotidien. Les jours sont tous les mêmes pour eux. Comme si la vie était un disque dans lequel les plages correspondraient aux grandes étapes de celle-ci, les leur seraient rayés et ne répéteraient qu’une seule et unique chanson. Leur tête est coincée vers le bas, condamnée à fuir la lumière du soleil. S’ils le pouvaient ils fuiraient la planète pour mourir seuls. La peine ils ne la connaissent que trop bien, comme pour Jean elle est arrivée un jour sans crier gare et n’est jamais repartie.

Olive89
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